Saut en parachute au Skydive Center de Spa


La plupart du temps, je me félicite de ne pas posséder de voiture: je bosse à la maison, il n’y a jamais de place où se garer dans notre quartier, je déteste conduire et je n’aime pas polluer quand il y a moyen de faire autrement. Mais de temps en temps survient une occasion où je me mords les doigts de ne pas être véhiculée par mes propres moyens.
Aujourd’hui, par exemple, nous devions nous trouver près de la frontière allemande à 11h30 pour notre saut en parachute. A l’origine, celui-ci devait se dérouler au centre de Namur, bien plus commode à atteindre depuis Bruxelles; mais pour des raisons d’engorgement, nous avons été redirigés vers Spa. Nous nous sommes donc levés à 7h45 afin de prendre le train de 9h01 à destination de Liège, où nous récupèrerions une voiture Cambio pour faire les 60 derniers kilomètres. Seul problème: à cause des Journées du Patrimoine, le centre-ville était bloqué à la circulation. Le temps que le 71 nous dépose Gare centrale, il était 9h tapantes, et notre train est parti, sans nous, pendant que nous achetions nos billets au distributeur. Le suivant était à 9h34.

A partir de là, la peur d’arriver en retard pour le briefing et de nous voir refuser l’accès à l’avion ne m’a pas lâchée pendant tout le trajet. L’avantage, c’est que du coup, j’en ai totalement oublié la légère anxiété qui m’assaillait depuis 24h. En arrivant à Liège, la Gare Guillemins était en travaux et nous avons mis un moment à localiser la station Cambio. Puis notre voiture s’est avérée être un veau qui ne dépassait pas le 100km/h dans les montées. Bref, le temps que nous arrivions à l’aérodrome de La Sauvenière, il était 11h50.

Nous nous sommes engouffrés dans le Skydive Center, beaucoup plus grand que je ne l’imaginais et bourdonnant d’activité. Des dizaines de parachutistes amateurs ou chevronnés attendaient leur tour d’embarquer. Nous avons localisé l’accueil situé dans le fond et nous sommes précipités pour signaler notre arrivée. Au final, il n’y a eu aucun problème: nous nous sommes juste retrouvés affectés à la dernière fournée de clients qui avaient rendez-vous à 11h30. Saut prévu vers 13h40. En attendant, un jeune homme blond qui semblait avoir quatorze ans et demi nous a fait le briefing. J’ai été très rassurée d’apprendre qu’au cours d’un saut en tandem, le novice était totalement assisté par son instructeur du début jusqu’à la fin. Pas d’hésitation possible, donc, au moment de se jeter dans le vide. A partir de l’instant où j’ai su cela, j’ai attendu l’heure du saut avec une telle excitation que je n’ai même pas réclamé à déjeuner (les gens qui me connaissent IRL apprécieront à sa juste valeur la gravité de l’événement).

Les opérations ayant pris un peu de retard, c’est finalement vers 14h qu’un grand type blond et bronzé, affichant un beau sourire Pepsodent et répondant au prénom d’Yves, s’avance vers moi en me tendant la main. Il court partout quelques minutes avec son caméscope à la main, puis ajuste mon harnais par-dessus la combinaison frites-ketchup jaune et rouge que j’ai déjà enfilée toute seule comme une grande. Je rentre mes cheveux dans le col de mon sweat, remonte la fermeture éclair de la combi jusque sous mon menton, essaye les lunettes en plastique par-dessus les miennes et me déclare parée.

Nous nous dirigeons vers un tout petit avion rose pailleté orné d’étoiles dorées. On dirait qu’ils l’ont peint exprès pour moi! Nous nous entassons à 9 dans le minuscule appareil: le pilote et quatre tandems. Yves et moi devons sauter en dernier, juste après Chouchou et son instructeur Arnold afin qu’il puisse filmer leur sortie. Pendant la montée à 4000 mètres (l’altitude maximale à laquelle on peut voler sans embarquer d’oxygène), qui dure tout de même une vingtaine de minutes, Yves me demande d’où je viens. Surprise: enfant, il passait toutes ses vacances d’été dans une station balnéaire voisine de Monpatelin. Il me montre le plus haut sommet belge que nous survolons et le circuit de Formule 1 de Francorchamps.

Puis nous « répétons » le saut. Après que les autres soient sortis, je devrai m’asseoir au bord de l’ouverture, les jambes dans le vide et repliées sous l’avion, la tête posée sur son épaule et les mains tenant les sangles de mon harnais. Au signal, il nous éjectera, et je devrai pousser mon bassin en avant pour adopter la position de chute libre (plus ou moins à plat ventre avec les jambes légèrement repliées en arrière). Deux tapes sur l’épaule, et je devrai écarter les bras. Deux autres tapes sur l’épaule, 50 secondes plus tard, signifieront qu’il s’apprête à déclencher l’ouverture du parachute. Enfin, à l’approche du sol, je devrai saisir les poignées situées sur les genoux de ma combi, remonter mes cuisses le plus haut possible et tendre les jambes en avant pour qu’il soit seul à nous poser sans que je le gêne.

Assis face à moi sur la banquette, Chouchou a pris la couleur d’une jeune pousse de laitue: bien blanc au milieu et légèrement verdâtre sur les bords. Personnellement, je n’ai un instant de panique que lorsque l’un des accompagnateurs fait coulisser la porte de l’avion et que de l’air s’engouffre à l’intérieur en rugissant. Les deux premiers binômes s’éjectent très vite; puis Chouchou saute avant moi en poussant un grand « Woohoo! ». Mon instructeur et moi nous traînons sur les fesses jusqu’à l’ouverture. Deux ou trois secondes pour se mettre en position, de travers car Yves a sa main gauche occupée par le caméscope. Et… « Ready, set, go! »

Mon coeur, qui fait mine de remonter dans la gorge quand je bascule vers l’avant, se calme très vite. Rien à voir avec un grand huit! J’adopte la position de chute libre. La première chose qui me frappe, c’est le froid qui transperce mes vêtements, meurtrit mes tympans et me gèle l’intérieur de la bouche quand je souris en découvrant les dents. La seconde, c’est une impression d’immobilité. Oui, je me prends un souffle assez conséquent en pleine figure (sur la vidéo, mes joues ondulent comme de la cire fondue; ajouté à l’effet double menton produit par la fermeture éclair de la combi, c’est du plus bel effet!). Mais la Terre est trop loin pour que je la voie vraiment se rapprocher, même à la vitesse où nous chutons, et faute de point de repère, j’ai juste l’impression de léviter au milieu d’une bourrasque. C’est vraiment une sensation étrange.

La minute passe très vite. Deux tapes sur mon épaule, et une forte secousse sur les sangles qui entourent mes cuisses: notre parachute vient de s’ouvrir. A partir de maintenant, nous flottons vers le bas à la verticale et au ralenti. Yves me crie: « Regarde, ton copain est à droite! ». Il doit êre aussi dyslexique que moi, car je tourne au hasard la tête à gauche et aperçoit Chouchou légèrement au-dessus de nous. Nous nous rapprochons de lui et d’Arnold. Chouchou et moi échangions des « Youhou! » et moultes gesticulations avant de nous éloigner à nouveau. Yves me passe les commandes du parachute et me dit de tirer d’un côté, puis de l’autre. Nous partons en spirale. C’est un poil gerbant mais je me refuse à dire stop; je veux en profiter au maximum.

Malgré le froid et la traction sur le harnais, le sol se rapproche trop rapidement à mon goût – pas au sens où la vitesse est flippante, car elle ne l’est pas du tout, mais j’aimerais bien que ça dure plus longtemps! Nous nous posons tout en douceur, juste un léger trébuchement et Yves me détache. Chouchou est déjà là; je cours vers lui comme dans les films pour me jeter à son cou en sautillant et en couinant: « C’était géniaaaal! ». Lui aussi a adoré.

Après avoir chaleureusement remercié tout le monde, nous repartons en emportant le film réalisé par Yves, dont nous avons pu visionner les images sur une petite télé avant d’en faire l’acquisition. Arrivés chez nous quatre heures plus tard (après un cafouillage dans les rues de Liège et un arrêt pizza bien mérité chez Mamma Roma), nous le regardons de nouveau, avec le son cette fois. Re-surprise: il y a une musique d’accompagnement. Et c’est « Glorious » d’Andreas Johnson, probablement ma chanson préférée de tous les temps. Une conclusion parfaite à une journée inoubliable.

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9 réflexions sur “Saut en parachute au Skydive Center de Spa”

  1. Dommage, mais pour ce qui est des joues, c’est assez général, tu ne dois surement pas t’en faire 🙂

    Marc

  2. Mais justement, les joues d’Yves Pepsodent ne bronchaient pas, elles! Du coup j’ai l’air monstrueuse à côté. La fille aux bajoues de bouledogue 🙁

  3. A part les anorexiques en grève de la faim, à ces vitesses là, les joues de toute personne normalement constituée ne peuvent rester immobiles…

    Marc ( Enregistré cette fois )

  4. parachutisme toulouse

    C'est vraiment très fascinant pour expliquer à propos de votre expérience du parachutisme en chute libre. J'ai amusé votre histoire avec votre expérience du parachutisme en chute libre.

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