Je passe dans les vestiaires pour me déshabiller, ranger mes affaires dans un casier à carte magnétique, enfiler un
ravissant tanga jetable et un peignoir. Premier couac: des filles de mon gabarit, on doit pouvoir en mettre trois ou quatre là-dedans. Et mon Dieu que le tissu éponge est épais! En moins d’une minute, je suis en nage. Sympa pour ma future masseuse. Qui tarde à venir, d’ailleurs: Chouchou et moi poireautons un bon quart d’heure dans la salle de repos avant que deux jeunes femmes viennent nous chercher pour nous conduire dans la « VIP room ».
Etape n°1: le bain japonais relaxant
Nous sommes invités à nous installer tête-bêche dans une baignoire japonaise en tek. L’eau est à une température agréable, et j’aime bien les pétales de roses rouges qui flottent à la surface. Par contre, ce récipient a clairement été prévu pour le barbotage d’individus d’1m75 au minimum: mes pieds sont loin de toucher l’autre bord; du coup, comme les côtés où l’on doit s’adosser sont pentus, je glisse sous l’eau sans parvenir à me caler. Je suis obligée de m’asseoir, non pas à côté de Chouchou, mais entre ses jambes pour qu’il puisse me retenir et m’empêcher de couler. Pas très bien conçu, tout ça.
Suit une mini-séance de méditation de 5 minutes pendant laquelle je me retiens d’éclater de rire quand une des deux jeunes femmes nous susurre « Imaginez un voile blanc soyeux… ». Je ne suis pas du tout douée pour le lâcher prise mental. Après ça, on nous masse vaguement les épaules, la nuque, le visage et le cuir chevelu. Puis on nous sert un thé noir à la rose et on nous laisse barboter dix minutes le temps de le boire. Moui bon bof. Le thé n’est pas mauvais mais je suis hyper mal installée, et quoi qu’on dise sur les vertus thermiques des baignoires japonaises, l’eau est bel et bien en train de refroidir.
Etape n°2: le gommage aux épices
Une fois secs, on nous fait allonger sur des tables de massage sans trou pour la tête (mal! c’est mal!) mais recouvertes d’une feuille de plastique. On nous enduit de gommage à base d’épices et de fleur de sel, et on nous frotte vigoureusement tout le corps: d’abord les jambes, puis les bras, puis le torse. Quand on nous demande de changer de côté, bien entendu, nous sommes collés au plastique, et nous glissons dans le produit en nous tournant sur le ventre. C’est une manoeuvre inélégante et désagréable au possible.
Dès le gommage terminé, nous nous ruons dans la douche deux places pour nous rincer. Quand nous ressortons, deux nouveaux tangas en papier nous attendent sur le bord de la baignoire japonaise: un noir pour Chouchou et un blanc transparent pour moi. Pfff, pas juste. « Vous sentez comme la peau est douce maintenant? » nous demande une des deux jeunes femmes. Honnêtement, non, je suis juste contente d’être débarrassée du produit.
Etape n°3: le massage ayurvédique
A ce stade-là, c’est vraiment par égard pour Chouchou que je continue à sourire et à me montrer aimable. Je trouve la prestation, sinon en-dessous de tout, du moins très inférieure à ce qu’on est en droit d’attendre dans un endroit de ce standing. Heureusement, le massage qui suit (et qui constitue la partie principale du rituel) s’avère à la hauteur. Pas le meilleur auquel j’aie jamais eu droit, mais enfin, les gestes sont vigoureux et précis, et les produits utilisés sentent très bon sans avoir une odeur trop entêtante. Et quand nous passons sur le ventre, les jeunes femmes enlèvent les petits oreillers qui soutenaient notre tête jusque là, révélant l’indispensable trou dans lequel mettre notre visage pour permettre un bon alignement des vertèbres. Me voilà rassurée, et mon irritation s’envole.
Etape n°4: le sauna
Après un passage en salle de repos (jolie dans le genre minimaliste, mais équipée de 4 lits seulement alors que les clients sont beaucoup plus nombreux), nous nous dirigeons vers la partie fitness/piscine/hammam/sauna. Pour y accéder, nous devons traverser un pédiluve. J’enlève mes chaussons jetables, passe et me retourne pour attendre. Son tour venu, Chouchou traverse le regard fixé droit devant lui et l’air martial. Arrivé de l’autre côté, il se fige brusquement, baisse les yeux… et, la mine contrite, ôte ses chaussons trempés. Vivre avec un grand distrait, c’est beaucoup de frustration parfois, mais aussi une source inépuisable de fou-rires.
Nous allons transpirer dans le plus grand sauna qu’aucun de nous deux ait jamais vu, et muni d’une grande baie vitrée donnant sur l’extérieur. C’est très agréable d’y voir quelque chose pour une fois. Nous faisons trois aller-retour entre la salle à transpirer déserte et les douches voisines, équipées de merveilleux jets de massage, avant de décider que ça suffit comme ça pour nos vieux coeurs (et ma mauvaise circulation sanguine).
Bilan: Au final, nous avons passé un bon après-midi; l’institut était beau, grand, lumineux et le massage vraiment bien. Mais deux heures plus tard, j’ai été prise d’un mal au ventre épouvantable qui ne m’a pas lâchée de la soirée. Vu le bordel que c’est là-dedans, ce n’était peut-être pas une bonne idée de me faire manipuler aussi vigoureusement. Même sans ça, je dirais que le Spa des Cinq Mondes est un endroit surfait, qui utilise de chouettes produits et emploie un personnel charmant mais facture ses soins beaucoup trop cher pour la qualité réelle des prestations.
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Argh, ça y est, je ne vais pas résister à un nouveau massage ayurvédique !
Oué ben va pas le faire aux Cinq Mondes.
Quant à moi, vu comment j'ai agonisé hier soir, c'est pas pour moi!
Et les thermes de Grimbergen, tu as déjà essayé ?
Non, mais tu es la deuxième personne qui nous en dit du bien.
Je reste cependant très attachée à mon chouchou le Serendip Spa. Jamais trouvé mieux ailleurs.
En fait non, je n'y suis jamais allée ! Mais mon amoureux a bien envie d'y aller à cause de la partie naturiste.
Le Serendip Spa a l'air bien mais les prix le sont aussi…
Ah oui les endroits de ce genre où on peut se promener à poil, c'est sympa. Autant j'irais pas sur une plage naturiste (en fait je ne vais pas à la plage tout court), autant dans un endroit où tu es censé transpirer c'est gonflant de devoir porter un maillot.
Oui, le Serendip Spa n'est pas donné, d'ailleurs c'est un plaisir que je ne me fais qu'occasionnellement. Mais par rapport à d'autres établissements du même genre, le rapport qualité-prix est plus que bon.
Bonjour,
Hier, j'étais sur le blog de Margaux Motin, dont j'ai vu le dernier article, et lu les commentaires.
Le texte que tu as posté m'a pétrifiée. Ma petite soeur est morte il y a 6 mois, et j'ai retrouvé dans ces mots quelque chose d'elle.
Je l'ai gardé, et j'aimerais simplement savoir de qui il est,
si c'est une chanson, si tu l'as écrit …
Merci beaucoup !
Non, à mon grand regret, ce texte n'est pas de moi – j'aimerais écrire aussi bien! J'y ai simplement trouvé un peu de réconfort lorsque j'ai perdu une amie très chère l'an dernier. L'auteur s'appelle Mary Frye:
http://en.wikipedia.org/wiki/Do_not_stand_at_my_grave_and_weep
Merci de ta réponse