Le pouvoir d’internet

Comme beaucoup d’entre vous sûrement, je ne saurais plus me passer d’internet. Depuis plus de quinze ans, c’est sur la toile que se déroulent la majeure partie de mes échanges sociaux; c’est là que je m’informe à titre personnel ou professionnel, au point de n’avoir plus ni télé, ni dictionnaires ou autres sources de documentation papier; c’est grâce à ça que je peux commander du thé et des robes en Angleterre, des renards et des coupons de tissu aux Zuess, des poupées Blythe à Hong-Kong. Internet m’a ouvert des horizons que je n’imaginais même pas du temps où, adolescente, je tentais de me représenter ma vie d’adulte. J’aime particulièrement la façon dont il permet de regrouper des gens de tous horizons pour accomplir des choses qui n’auraient pas été possibles jusque là. Et au cours du mois écoulé, deux exemples m’ont particulièrement frappée.

« Veronica Mars », c’est une série formidablement intelligente qui n’a hélas duré que trois saisons et s’est terminée en queue de poisson, sur une note extrêmement triste. Trop complexe et trop grinçante pour attirer les foules, elle a néanmoins suscité un engouement passionnel chez une petite communauté de fans. Son créateur Rob Thomas et son actrice principale, Kristen Bell, cherchaient depuis six ans le moyen de produire un film qui donnerait une conclusion satisfaisante à l’histoire ambiance « films noirs » de la jeune détective sarcastique.

Ils ont finalement eu l’idée de récolter les fonds auprès de leurs fans à travers le site Kickstarter, qui permet de financer des initiatives de toutes sortes. En moins de douze heures, ils ont obtenu plus de 2 millions de dollars – un record, et la somme minimale qui devait leur permettre de réaliser le film tant attendu. Aujourd’hui, à 6 jours de la clôture, ils viennent de franchir la barre des 4,7 millions. L’enthousiasme des fans est palpable et réjouissant. Je suis très excitée d’avoir, à ma petite échelle, contribué à ce projet. Et pour fêter ça, je suis en train de me refaire l’intégrale de la série depuis quelques jours.

Infiniment plus triste est le grave accident de longboard à cause duquel le fils de David Farland, un merveilleux auteur que j’ai grand plaisir à traduire, se trouve plongé dans le coma depuis deux jours. Ben, 16 ans, souffre de multiples blessures dont la plus sérieuse est un traumatisme crânien. En admettant qu’il s’en tire (ce que je souhaite de tout coeur car je ne veux même pas imaginer le chagrin d’un parent qui voit mourir son enfant), sa note d’hôpital pourrait se monter à plusieurs millions de dollars… et la famille n’a pas d’assurance-santé.

Dès que Dave a annoncé la nouvelle sur Facebook, les suggestions ont fusé. Une dame qui ne le connaissait pas, mais qui vit près de l’endroit où Ben est traité et qui a des chambres d’amis vides, a spontanément proposé d’héberger Dave et son épouse pendant toute la durée de l’hospitalisation de leur fils. Beaucoup de gens souhaitaient aider les Wolverton (le véritable nom de Dave); aussi un fond de secours a-t-il été mis en place par un des frères aînés de Ben. Pour les donations par Paypal – mon choix, car je n’aime pas communiquer mes coordonnées et mon numéro de carte bancaire si je peux faire autrement -, il est possible de passer par cette page Facebook. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, et même deux ou trois dollars peuvent aider. Au lieu d’aller me coucher, je regarde depuis tout à l’heure le montant qui grimpe grâce à la générosité de parfaits inconnus, et je me dis que si la race humaine doit être sauvée, sa rédemption passera par la solidarité. Et, peut-être, par internet. 

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2 réflexions sur “Le pouvoir d’internet”

  1. Voilà, je me dis qu'il vaut mieux participer ici pour aider quelqu'un de précis, plutôt que de donner dans le "vague" sans savoir réellement à quoi notre argent va servir.
    Après tout, il m'arrive de gaspiller parfois, au moins, là, c'est pour une bonne cause ! Done ! Bisous

  2. Merci pour lui, Nairo! Son père a annoncé ce matin qu'il avait passé le cap des 72 premières heures critiques et qu'on lui avait ôté son respirateur.

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