Un week-end où les portions sont comme les voleurs: minuscules

Boucler la semaine de travail en se demandant pourquoi l’héroïne passe 320 pages à bavarder sur un parking ou dans une chambre de motel au lieu de pourchasser les tueurs en série; je suis fort tentée par cet atelier de reliure fin juin; commencer à lire les back issues de la version internationale de Flow reçus le midi, et tomber immédiatement amoureuse: c’est LE magazine que j’attendais depuis toujours; que mettre avec la robe Pepe Jeans rayée, les collants noirs à gros pois blancs ou les collants à étoiles?; étrenner les ravissantes bottines noires dénichées en solde chez Look 50’s et se rendre rapidement compte que c’était un mauvais achat: elles sont très inconfortables; s’engouffrer au Shanti quelques minutes avant la fermeture pour faire provision de millet, de quinoa, de pâtes d’épeautre et de riz complet à risotto; au Nonbe Daigaku où nous fêtons les 44 ans de Chouchou, halluciner sur les portions minuscules; ressortir de là avec une faim encore tenace et se précipiter place Flagey pour acheter un gros cornet de frites que l’on partage assis sur un des bancs voisins; de retour à la maison, commander les back issues manquants de Flow et filer au lit pour continuer à dévorer les deux qu’on a; découvrir qu’un nouvel épisode de Tiny Thief vient de sortir et pousser des « hiiiiii » de joie; éteindre la lumière à 1h et, incapable de dormir, bavarder avec Chouchou de nos lectures de jeunesse pendant encore une heure et demie dans le noir; se marrer comme des baleines en récitant des passages d’Iznogoud ou de Lucky Luke; convenir que Lovecraft était un gros con(servateur) raciste mais que quand même, « L’appel de Cthulhu », ça roxait malgré l’espérance de vie ridicule des personnages; avoir les pieds fiévreux sous la couette.

Etre bien inspirée de se doucher la première, car ensuite la chaudière fait une crise et Chouchou doit se laver à l’eau glacée; comme il fait 22°, sortir jambes nues et en sandales pour la première fois de l’année; au yoga, retrouver Giorgia qui vient de passer plus de six mois à barouder en Océanie et en Asie du Sud-Est, et s’inquiéter pour Maria que personne n’a vue depuis longtemps; tomber sur l’ange du mariage et dire « nope, been there, done that »; moins 8° en une heure et demie: les sandales, c’était peut-être un peu prématuré; le site de Delhaize n’a pas pris en compte la modification de l’horaire auquel on voulait passer; coup de bol: toutes les commandes ont été livrées en bloc ce matin; au bout de 7 saisons, « The Big Bang Theory » me fait toujours autant rire; défaire et recommencer le dos de ma housse de coussin granny pendant que Chouchou passe l’aspirateur et la serpillère au salon; tourner un bon moment avant de repérer l’entrée du parking face au domaine royal tandis que Marie-Lucette le GPS part se coucher avec les poules; pique-niquer dans la voiture avec des trucs aux épinards de chez Exki; attendre une demi-heure sur le trottoir au milieu de la foule en se demandant si une averse va éclater ou pas; quand même, ils auraient pu trouver autre chose que des géraniums et des fuchsias à mettre dans ces kilomètres de passages; glousser à la vue d’un petit Gargamel bien planqué au milieu des fougères; admirer en sortant un beau coucher de soleil orangé derrière la basilique; profiter de la fin de soirée pour faire un tour chez Cook & Book et craquer pour le dernier Kate Atkinson avec un renard sur la couverture; dans Tiny Thief, être brillant, c’est bien, mais être lumineux, c’est mieux si on veut que les chauve-souris lâchent le cerf-volant; discuter de la dernière explosion de colère en date et savoir qu’elle est vouée à se reproduire encore et encore.

Impossible de s’arracher à la couette avant 9h30; les orteils troueurs de chaussettes ont encore frappé; se traîner à la piscine sans enthousiasme; une minuscule Japonaise à couettes équipée de brassards orange fluo nage légèrement plus vite que moi; un petit Esteban se fait hurler dessus par sa mère qu’elle a payé 5€ l’entrée et que ça n’est pas pour qu’il reste patauger dans un coin; ressortir avec une bonne fatigue et la satisfaction de l’effort accompli; le 60 nous passe sous le nez (sans doute se prend-il pour le nouveau 71); d’où sort cette nuée de clowns violets qui descend de la place Blyckaert?; dommage qu’il fasse un peu frisquet pour bruncher en terrasse; à la table voisine de la nôtre, un jeune homme très mignon déjeune avec son vieux père auquel il parle avec une infinie tendresse, sans cesser de lui toucher le bras, de lui caresser le crâne ou de lui faire des bisous, et je brûle d’envie de lui dire qu’il a bien raison d’en profiter; Dieu que le personnel d’APDM est désorganisé; une petite balade de geocaching couplée à une tournée des maisons Horta d’Ixelles; nous libérons enfin le Travel Bug dragon rapporté de Venise il y a 6 mois; un monsieur âgé dévale la chaussée de Wavre en vélo, sans casque, barbe blanche flottant au vent et sourire réjoui sur les lèvres; quand ma mère dit « y’a pas de souci », c’est que clairement il y en a un; chaque fois que je refais ce curry de pois chiches je le trouve un peu moins bon que la précédente; aura-t-on droit aux fesses de Félix à chaque épisode d' »Orphan Black », et où puis-je trouver des lunettes identiques à celles de Cosima?; boire un thé des Gnawa à 21h c’est sans doute pas la meilleure idée du siècle mais j’en ai trop envie; mon pyjama a disparu: je soupçonne Chouchou, membre intégriste de la secte des Dortounus, mais il me jure sur la tête de son intégrale de Gotlib qu’il n’y est pour rien; je croyais que la fouine se planquerait dans un des tuyaux de l’orgue, en fait elle est dans le sapin; entre les cancers mentionnés presque à chaque page et le fait que s’être trompé de vie n’est pas du tout un sujet qui me parle, je pense que je vais rapidement laisser tomber le dernier Douglas Kennedy.

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6 réflexions sur “Un week-end où les portions sont comme les voleurs: minuscules”

  1. " les back issues manquants de Flow "…mmh… Que quelqu'un me dise que je ne suis pas la seule à ne pas capter un traître mot de ce bout de phrase..!

    ANNESO

  2. Tu te rappelles de tout ça ou tu le notes ?
    Je connaissais pas l'expression "l'ange du mariage" (à moins que ça ne vienne de toi)…
    Et je vous souhaite beaucoup de discussions à bâtons rompus et à une heure indécente malgré les explosions de colère.

    PS : je me suis encore fait avoir et ai encore cherché "Flow". Sigh.

  3. Je rédige mon article un peu au fur et à mesure pendant le WE.

    L'ange du mariage, c'est rapport aux "angel cards" que ma prof de yoga nous fait tirer à la fin de chaque cours, une sorte de tarot spirituel avec sur chaque carte un ange qui représente une qualité, un événement… censé correspondre à ta situation ou tes préoccupations du moment. Le hasard fait que parfois, le texte te parle beaucoup, et que parfois, bah je tombe sur l'ange du mariage qui n'a rien à voir avec ma choucroute ^^

    Quant à Flow: je parle bien d'une version internationale en anglais, commandée parfaitement à l'insu de mon plein gré sans savoir ce que j'achetais. Un article à ce sujet paraîtra demain en début d'après-midi. Spoiler alert: il est dithyrambique.

  4. C'est lequel de Douglas Kennedy que tu es en train de lire ? J'en ai un en attente mais si il est si déprimant, il passera son tour…

    En bon belge, on ne dit pas "passer la serpillière" mais "donner un coup de torchon" ou "donner un coup de loque" :-))

  5. Je sais, mais je ne suis pas belge…
    Le Douglas Kennedy, c'est "Five days".

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