
Comme « Rosalie Blum » que j’avais tant aimé, « Juliette : Les fantômes reviennent au printemps » s’attache à suivre le quotidien de provinciaux très ordinaires, voire passablement ennuyeux, mais qui dès qu’on s’intéresse à eux d’un peu plus près se révèlent gentiment barrés chacun à leur façon, et finissent tous par inspirer une tendresse à mi-chemin entre amusement et résignation. Cette histoire sans véritable histoire pourrait déprimer le lecteur si le dessin n’était pas aussi coloré et faussement naïf, et si l’auteure ne s’amusait pas à semer des petits grains de folie par-ci par-là: un caneton nommé Norbert Magret, un poisson pané sauvage, un vendeur de déguisements qui se rend chez sa belle dans la peau d’un ours, d’un lapin ou d’un fantôme… La vie passe quoi qu’il arrive, avec ses angoisses, ses peines et ses chamailleries, mais même sans rien en faire de grandiose, on peut toujours y trouver une forme de douceur, un réconfort, un apaisement, semble dire Camille Jourdy. J’ai été très sensible à la représentation ultra-fidèle de l’hypocondrie, mais aussi à la dynamique des rapports familiaux conditionnés par le poids des non-dits et des rôles définis dans l’enfance. Une oeuvre pleine de sensibilité, mais au charme de laquelle on ne se laissera prendre qu’à condition d’être dans un certain état d’esprit.


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