« Changer l’eau des fleurs » (Valérie Perrin)

Au risque de passer pour la snob que je suis de moins en moins au fil du temps, j’avoue me méfier des grands succès populaires. Une fois, j’ai ouvert un livre de Marc Lévy, parcouru la première page et failli m’évanouir d’horreur dans les rayons de la Fnac. Les prix littéraires, qu’ils soient distribués par les professionnels sur fond de magouilles ou par le public sur la base du plus petit dénominateur commun, ne m’inspirent pas davantage confiance. Surtout sur le créneau du « bouquin pas vraiment feel-good mais débordant d’une humanité poignante ». Je garde un souvenir douloureux des trois heures consacrées à m’infliger jusqu’au bout la pomposité de « L’élégance du hérisson ». Du moins ai-je eu le bon sens d’abandonner « Mémé dans les orties » vers la page 80 avant de mourir d’une overdose de clichés.

Mais parfois, je tombe sur des exceptions à la règle, tel le très lacrymal « Avant toi ». Et bien que je ne comprenne toujours pas l’intérêt de cette enfilade de poncifs qu’est « Les gens heureux lisent et boivent du café », je suis clairement bonne cliente pour les histoires dont l’héroïne reprend goût à la vie après un deuil. C’est donc avec une bonne volonté prudente que j’ai abordé « Changer l’eau des fleurs« , deuxième roman d’une autrice qui avait déjà fait un carton avec son premier. Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se confier et se réchauffer dans sa loge. Avec la petite équipe de fossoyeurs et le jeune curé, elle forme une famille décalée. Mais quels événements ont mené Violette dans cet univers où le tragique et le cocasse s’entremêlent? Après « Les oubliés du dimanche », un hymne au merveilleux des choses simples.


Les premiers chapitres campaient un décor sympathique bien qu’inhabituel, esquissaient le portrait d’une protagoniste un peu terne et enchaînaient les anecdotes amusantes ou émouvantes sans autre rapport entre elles que leur cadre. J’ai pensé que ça n’était pas désagréable, mais qu’il allait falloir passer la seconde pour retenir mon intérêt pendant près de 700 pages. Puis un drame et une histoire d’amour ont commencé à s’esquisser parallèlement, par touches habiles alternant passé et présent, et j’ai eu un mal fou à décrocher avant la fin. A une exception près, il est impossible d’anticiper les tours et détours d’une intrigue qui flirte parfois avec le policier – l’autrice ne fournit pas les éléments nécessaires au lecteur, préférant l’entraîner à l’aveuglette sur un chemin sinueux qui ne passe jamais là où on s’y attendrait. Résultat: un roman délicieusement imprévisible, dont les pages portées par un style fluide et sans prétention se tournent toutes seules. Il m’a presque donné envie de cultiver un potager.

3 réflexions sur “« Changer l’eau des fleurs » (Valérie Perrin)”

  1. Hé, pour une fois, je l’ai lu avant toi !
    Lecture de vacances, prise un peu au hasard sur l’étagère… Je m’attendais à me laisser porter doucement, quitte à m’ennuyer un peu, et j’ai finalement été emportée par le récit… Ton avant-dernière phrase le décrit parfaitement.

  2. Ma soeur l'a adoré, mais comme le titre me fait bêtement pouffer de rire, je n ai pas réussi à me laisser convaincre.

Les commentaires sont fermés.