
L’avantage d’être confinés pour la deuxième fois, c’est qu’on sait un peu à quoi s’attendre. En mars, l’anxieuse chronique en moi flippait sec à l’idée qu’internet lâche ou qu’il y ait des pénuries alimentaires – certes, nos dirigeants nous juraient sur leurs grands dieux que ça ne risquait pas d’arriver, mais déjà à l’époque, ma confiance en eux était des plus limitées. Là, je suis raisonnablement sûre que nos besoins essentiels seront satisfaits. Et même si la ligne d’arrivée, alias la distribution massive d’un vaccin, reste encore lointaine, ont peut l’apercevoir à l’horizon de l’été 2021 d’après les épidémiologistes. Il ne reste donc plus qu’à s’armer de patience.
Bien qu’elle soit notre problème le plus pressant, la pandémie est malheureusement loin d’être le seul. Derrière elle se bousculent le spectre d’une crise économique massive et la menace d’extinction du changement climatique. Plus quelques autres joyeusetés en -isme, telles que terrorisme et fascisme, histoire de divertir les masses en attendant la fin. Je suis loin de nier toutes ces choses, mais… ça fait beaucoup trop pour moi. Incapable de gérer plus d’une source de stress à la fois, j’ai décidé de garder la tête dans le guidon du confinement, et de vivre au jour le jour sans me projeter dans un avenir dont je vois mal comment il pourrait être riant. Je ne ferai jamais partie des leaders qui galvanisent les foules, inspirent des mobilisations d’ampleur et insufflent l’espoir à toute une génération: c’est tout juste si je suis capable de m’auto-galvaniser les bons jours. Je ne sauverai jamais personne hormis moi-même – et encore, c’est pas gagné d’avance. J’ai fait la paix avec mon statut de non-Messie et me dis qu’être un non-boulet non-suicidaire, ce sera déjà pas mal.
Cette fois, donc, pas d’objectifs ambitieux pour rentabiliser ce temps immobile et changer l’obstacle en opportunité. Juste tenir bon sans sombrer, en mettant autant de joie que possible dans mon quotidien de personne isolée à 500 km de sa famille et 1000 de son amoureux. Niveau boulot, ça se goupille plutôt pas mal: après la traduction que je rends en fin de semaine prochaine, j’enchaîne sur trois romans courts, pas prise de tête ni excessivement pressés. Niveau météo, on annonce 20° en moyenne pour la première semaine de novembre, et je vais ignorer le côté inquiétant de ces températures pour profiter de la belle lumière automnale qui les accompagne. Je parle avec mon amoureux tous les soirs en video call; j’appelle ma mère une ou deux fois par semaine; j’échange de petits messages écrits avec ma soeur. J’ai fait une provision de cartes et de timbres pour envoyer de vrais courriers.
J’essaie des séries auxquelles je ne me serais pas intéressée en temps normal, et parfois je tombe sur un truc sympa (pour de la choupitude pure sans prise de tête, je vous conseille « The baby sitters club » d’après les romans 9-12 d’Ann M. Martin). Je commande des tonnes de trucs sur internet; c’est la première fois depuis 5 ans que je connais de nouveau mon numéro de carte Visa par coeur. La réception des colis me fait l’effet d’un mini-Noël plusieurs fois par semaine. Un peu comme pour la météo: sur le principe, c’est pas terrible, mais ça fait son job en soutenant mon moral et en aidant les petits entrepreneurs ou créateurs à qui j’achète une robe en lin sur mesure, une table basse fabriquée à partir d’une tranche de bois, un assortiment de thés bios, un joli dessin d’Inktober ou des masking tapes d’artistes pour décorer mon agenda. D’ici à ce que je puisse de nouveau sortir sans attestation, ma garde-robe et mon intérieur auront été complètement transformés. Non, ce n’est pas comme ça qu’on va venir à bout de la société de consommation, mais j’adapte mon comportement à la quantité d’énergie mentale dont je dispose, et en ce moment je suis sur la réserve.
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