
Hier, sous une pluie battante, je suis allée au quatrième et dernier rendez-vous de mon bilan chez C*ridys. La psy m’a remis un document d’une dizaine de pages récapitulant ce que je lui avais dit de mes symptômes, ce qu’elle avait constaté elle-même (« après plusieurs rendez-vous, Madame est toujours en difficulté pour retrouver son chemin au sein des locaux »), le résultat des tests qu’elle m’a fait passer et l’analyse des questionnaires que Chouchou et moi avions remplis à la maison. Il est d’ailleurs intéressant de constater que, si lui et moi identifions les mêmes problèmes, il les voit comme plus faibles que je ne les ressens. Paye ta dissimulation.
La conclusion? HPI + TSA, comme je m’y attendais. Ce résultat devra maintenant être entériné par un médecin seul habilité à poser un diagnostic officiel. La psy m’a fourni une liste de contacts, et je vais prendre rendez-vous dès que possible. Je n’attendrai néanmoins pas pour me lancer dans la recherche d’un.e thérapeute compétent.e en matière de TCC avec des patients autistes, puisque tel était le but initial de ma démarche.
En annexe, j’ai reçu le résultat détaillé de mes tests. J’ai été surprise de constater l’assez grande disparité de mes scores au Wais IV: à 143/160, la catégorie « mémoire de travail » caracole loin en tête devant « compréhension verbale » (128), « raisonnement perceptif » (126) et « vitesse de traitement » (129). L’ensemble est jugé trop hétérogène pour en tirer un QI total, mais le logiciel a quand même calculé celui-ci: 138 – et pour le coup, j’imagine qu’il ne s’agit pas d’une moyenne, car si tous les critères avaient le même poids, on devrait être seulement à 131,5. Détail amusant: 138 est précisément le score que je me souviens avoir obtenu la première fois que j’ai fait des tests similaires à l’âge de 8 ans!
Si je regarde les résultats des tests un par un, mes plus mauvais scores (13/19) sont en matrices, en vocabulaire, en symboles et en information. Pour le vocabulaire, je suis vexée comme un pou un peu étonnée, mais la psy m’explique que mes définitions étaient toutes exactes mais souvent partielles. Mes meilleurs scores (18) sont en similitudes et mémoire des chiffres, suivis de près (17) par arithmétique et code.
Concernant les questionnaires, ils font apparaître des difficultés élevées dans toutes les catégories de la moitié « régulation comportementale » (soit: inhibition, flexibilité, contrôle émotionnel, contrôle de soi), mais absolument aucune dans les catégories de la moitié « métacognition » (initiation, mémoire de travail, planification/organisation, contrôle du travail, organisation du matériel).
Si je m’attendais au résultat global de ce bilan, je n’imaginais pas qu’il serait aussi prononcé. 44/50 en quotient autistique (la moyenne pour les femmes se situe entre 11 et 23), 12/80 en quotient empathique (contre 37 à 59 pour la moyenne des femmes). En gros, niveau empathie, en-dessous de moi, il n’y a que les tueurs en série et les cailloux. Et je m’étonne d’avoir du mal avec les relations sociales… (Non.)
A chaud, j’aimerais ajouter deux choses. D’abord, que je me considère très chanceuse d’avoir pu faire ce bilan aussi rapidement et dans d’aussi bonnes conditions: d’une part parce que j’avais les moyens de le financer sans passer par le circuit remboursé, d’autre part grâce à la présence, dans un lieu facilement accessible pour moi, d’une association compétente qui pouvait me proposer un premier rendez-vous sous deux mois et demi seulement.
Ensuite, parce que je pense toujours que les choses vont être beaucoup plus difficiles qu’elles ne le sont généralement et que c’est un sacré frein dans ma vie, je ne me serais jamais lancée dans cette démarche sans le témoignage de mon amie Mélanie (dont je recommande chaudement le bouquin) et, dans une moindre mesure, si l’autrice Audrey Alwett dont j’adore le travail ne mentionnait pas dans sa bio qu’elle aussi avait été diagnostiquée autiste une fois adulte. J’ai toujours pensé qu’il était très important de parler de ses difficultés, à la fois pour que ceux qui ont les mêmes se sentent moins seuls et aussi pour les inspirer dans une recherche de solutions. D’où cette série de billets qui, je l’espère, pourra à son tour être utile à d’autres.
Une prochaine fois, j’aimerais parler des idées reçues erronées qu’on se fait au sujet de l’autisme, ainsi que des raisons pour lesquelles les professionnels laissent peu à peu tomber l’appellation « Asperger » (je ne compte d’ailleurs pas l’utiliser). Et plus tard, sans doute, je reviendrai sur ce diagnostic pour raconter ce qu’il a changé dans ma vie… ou pas.
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Merci beaucoup pour tes billets qui retracent ta démarche, c'est toujours utile d'avoir un témoignage de plus !
Cela doit t'enlever un poids d'être enfin fixée
Par contre concernent le Quotient autistique, comment se place-t-on si notre quotient ne se retrouve dans aucun intervalle ? Je veux dire, j'avais passé un test en ligne (je sais que ce n'est pas fiable mais ça donne une petite idée) et j'avais obtenu 29, qui ne correspond ni au TSA ni à la moyenne "normale" des femmes si je lis bien l'image qui illustre ton billet
Bonjour,
je te lis depuis des années (2007, je pense? Tu étais encore avec "l'homme ce chacal" et il me semble que ton premier post était sur un aspirateur qui se mourrait de chagrin). Et même si nous sommes diamétralement opposées (je dois avoir pas loin de 80 d'empathie et je vois toujours le côté positif des choses), j'ai toujours aimé te lire. J'admire ton écriture, ton vocabulaire, ta clairvoyance et ton absence d'auto-apitoiement. Tu m'as par ailleurs fait découvrir différentes choses (j'adore notamment les collants Snag Thights). J'attends avec impatience tes coups de cœur du mercredi, j'y trouve souvent quelque chose qui me plaît.
Et donc, même si on ne se connaît pas, je suis heureuse pour toi que tu aies pu aller au bout de ce processus de diagnostic. Je pense que ça va t'aider: tu as toujours essayé de te connaître le mieux possible, et ça va te permettre, peut-être, de déculpabiliser à certains égards… Nous avons fait poser un diagnostic de haut potentiel il y a quelques mois pour mon petit garçon de 8 ans, et même si ça ne change rien, ça a tout changé. Il a cessé de se demander pourquoi il n'était pas comme les autres enfants, il sait maintenant qu'il est différent et que c'est une force.
Je te souhaite une belle journée
Laurence
@Marine: 29 c'est juste un peu au-dessus de la norme féminine, pas encore un profil autistique.
Merci pour ta fidélité!
@Laurence: en effet, tu dois être une de mes plus anciennes lectrices car le Chacal Jaune et moi nous sommes séparés au printemps 2006
Je te lis et pense très fort en cet instant à ma maman qui a accompagné dans sa seconde partie de carrière tant d'enfants autistes en difficulté en étant devenue AVS… Toutes ses personnes ont tellement de mérite.