Je me réveille assez reposée d’un long rêve où je retrouvais une ancienne amie pas vue depuis des années dans une manifestation culturelle méga-bizarre. Moins bizarre, cependant, que le fait que je me sens désormais dans de toutes autres dispositions à l’égard de cette personne – alors qu’elle n’a vraisemblablement pas changé entre-temps dans la réalité, et moi non plus. Bref.


A l’origine, nous voulions faire deux palais dans la journée. Mais l’incertitude liée aux transports nous dissuade de bouger ce matin. A Sintra, la route qui dessert la plupart des sites touristiques forme une très longue boucle en sens unique, souvent embouteillée. Donc, les durées de trajet aller et retour peuvent être extrêmement différentes. Parfois, les bus sont pleins quand ils arrivent à votre arrêt, et vous ne pouvez pas y monter. Les taxis, les Uber et les tuk-tuks sont trop peu nombreux pour satisfaire la demande, et souvent pris dans la circulation. Pour cette raison, on voit pas mal de gens se déplacer à pied sur des routes de montagne en lacets hyper pentues où rien n’est prévu pour les piétons…



Après un bon petit déjeuner, nous tuons donc le temps dans notre chambre si agréable jusque vers 11h30. Puis nous allons prendre le 434 pour monter jusqu’au Palacio da Pena, qui est avec la Quinta da Regaleira le site le plus prisé et le plus pris d’assaut de la ville. Nous avons des tickets pour le créneau de 13h30, mais je préfère prévoir large en cas de problème. Résultat: de problème il n’y a pas. Nous prenons un bus plein et devons rester debout à côté du chauffeur qui, très sympa, s’arrête pour nous laisser prendre une photo à un bon point de vue et nous donne plusieurs trucs pour la visite.




A 11h50, nous descendons devant le palais, et je suis bien embêtée: le restaurant où je pensais déjeuner se trouve à l’intérieur du parc; je doute que nous puissions y accéder avant 13h30. A tout hasard, je fais quand même la queue à la billetterie pour demander. Lo and behold! Il s’avère que l’horaire indiqué sur notre ticket concerne la visite du palais proprement dite plutôt que l’accès au parc comme à la Regaleira. Nous pouvons donc entrer tout de suite et attaquer la montée abrupte avec nos petites jambes. On se tord les chevilles dans les allées pavées; l’app dédiée ne fonctionne pas très bien et les plans disposés ça et là ne sont pas d’une folle clarté, alors que ce parc est immense et labyrinthique. Mais nous finissons quand même par atteindre le restaurant, qui se trouve juste à côté de l’entrée du palais.



Il s’agit en réalité d’une cafétéria avec aussi peu de choix qu’à la Regaleira hier, et je suis repartie pour un duck rice pas terrible tandis que Chouchou opte pour les pâtes au poisson. C’est pas cette semaine qu’on réussira à s’abstenir de consommer des féculents! Notre déjeuner avalé, nous faisons un tour à la boutique du rez-de-chaussée. Puis, vers 13h15, nous allons nous placer dans la file d’attente pour la visite du palais. Ici, tout est très bien organisé, sans confusion possible, et nous entrons à 13h30 pétantes.




Le parcours à l’intérieur est hyper balisé. Avantage: nous sommes certains de ne rien rater. Inconvénient, nous sommes pris dans un flot de touristes qui piétinent souvent sur place. Ce qui ne nous empêche pas d’apprécier et de prendre de belles photos. Le Palacio da Pena était à l’origine un monastère qui fut converti en palais d’été pour les souverains portugais. Lorsque la république fut proclamée, en 1910, il devint propriété de l’Etat. Contrairement à d’autres sites de ce type, le mobilier originel y a été conservé dans presque toutes les pièces, ce qui me permet notamment de tomber en pâmoison devant un bureau somptueux.








Nous ressortons de là très contents de notre expérience, mais soûlés de monde. Heureusement, dès que nous partons à la découverte des parties moins courues des jardins, nous nous retrouvons vite seuls dans un silence béni. Nous n’aurons ni le temps ni l’énergie de tout voir – il faudrait sans doute une journée et de meilleures jambes que les miennes pour explorer l’ensemble du parc. Mais dans ce que nous parvenons à faire, j’apprécie énormément le temple aux colonnes, devant lequel je peux me livrer à une de mes activités préférées: grimper à un arbre.




Pour redescendre à Sintra, nous prenons de nouveau le 434 qui emprunte cette fois une route très étroite par endroits – bravo au chauffeur qui manoeuvre tranquillement avec environ 5 millimètres de marge sur chaque côté de son bus. Il nous laisse sur la place du Palais National, en contrebas de notre hôtel, probablement pour ne pas se coltiner la boucle en sens unique. Nous repassons à la villa histoire de nous reposer un peu (mine de rien, nous avons monté l’équivalent de 36 étages dans la journée selon nos Apple Watch) et de nous préparer un thé pour aller avec les gâteaux rapportés hier de chez Piriquita.


Nous ressortons un peu avant 19h pour aller faire l’ouverture du Tascantigua, autre restaurant recommandé par la réceptionniste. Une petite foule se masse déjà devant la porte, et je crains un instant qu’on ne puisse pas avoir de table sans réservation, mais si. Et heureusement, parce qu’on fait un repas de tapas absolument fabuleux. Je vais jusqu’à commander une deuxième fois mon plat préféré du lot: des crevettes à l’ail, au citron et à la coriandre. Les serveurs sont super sympathiques, la cuisine dépote, et l’ambiance bon enfant est hyper plaisante. Un des meilleurs moments de ce voyage.



De retour à l’hôtel, il ne nous reste qu’à résoudre la question suivante: que faire de notre dernière matinée? J’aimerais aller voir le phare de Cabo Raso, situé au point le plus occidental du continent européen, mais il faut 1h30 pour l’atteindre en bus et 45 mn en voiture, ce qui risque de faire trop juste. Je ne voudrais pas rater notre avion de retour! Malgré ma déception, la sagesse l’emporte, et je décide que ce sera le site que nous voulions visiter ce matin à l’origine. Puis, qu’au lieu de reprendre le train jusqu’à Lisbonne et le métro pour l’aéroport, nous partirons directement de Sintra en taxi ou en Uber afin de gagner en temps et surtout en confort. Tant pis si j’avais acheté des aller-retour: m’économiser du stress justifie bien de gaspiller quelques euros.
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