
D’après les archives du blog, notre précédent séjour à Maastricht remontait à… décembre 2018. Il y a une éternité – ou au moins une pandémie. J’ai pourtant eu du mal à me motiver pour y retourner: à 1h50 le trajet en train avec deux changements, je trouvais ça un peu lourd à faire en une journée. Je suis vieille, fatiguée, et grâce à la SNCF, je n’en peux plus du stress des correspondances foireuses. Bref, le projet était sur le feu depuis l’été dernier quand j’ai fini par craquer: vendredi, je nous ai trouvé un hôtel pour la nuit de samedi à dimanche, histoire de pouvoir partir plus tard et prendre notre temps sur place.
Le lendemain, bien entendu, notre premier train est effectivement en retard, et nous devons courir pour ne pas manquer le second au risque de devoir poireauter pendant une heure à Bruxelles Nord (les lecteur.ices autochtones apprécieront l’horreur potentielle de la situation). A peine partie, me voilà déjà énervée… Heureusement, le reste du voyage se déroule sans problème, et nous débarquons à la gare de Maastricht vers 11h40. Il fait froid, à peine un ou deux degrés, mais la météo m’a promis qu’il ne pleuvrait pas du week-end.


Premier arrêt dans une des rues perpendiculaires à l’avenue qui descend vers le pont Saint-Servais: la boutique de vêtements alternative Bizzare. Une mine de trésors essentiellement gothiques, avec aussi un peu de steampunk dans le fond. Elle est tenue par deux quadras très aimables qui pourraient passer pour des jumeaux avec leurs silhouettes identiques, leurs crânes pareillement rasés et leurs visages hérissés de longs piercings. Je déniche un fabuleux corset à mini-paniers, soldé pour le tiers de son prix initial. Un des messieurs m’aide à l’enfiler et serre les lacets d’une main experte. Devant le miroir, je pousse une exclamation ravie: « Oh, hello waist and boobs, welcome back! ». Le monsieur rit. Chouchou approuve. Vendu.
Nous passons ensuite à notre hôtel, situé de l’autre côté de la Meuse, pour y déposer notre petit sac à dos et ce premier achat. Le Zenden est en réalité plutôt un complexe d’appartements. Nous recevons la clé du studio 9, situé sur le mur d’enceinte du centre historique, face au fleuve. Il est tout blanc à l’exception d’un petit canapé violet, extrêmement propre et bien équipé. Pour 135€ la nuit sur Booking au dernier moment, je suis fort satisfaite. Nous découvrirons dans la soirée que le lieu est en outre très calme.

Il est l’heure de déjeuner. Nous nous dirigeons donc vers De Kaas Bar, qui comme son nom l’indique pour tout néerlandophone (et pour moi, qui connais environ 12 mots de néerlandais dont celui-là car #lespriorités) est un bar à fromages. Nous composons une mini-planche européenne de Chaource, de Gouda mi-vieux et de Shropshire, qui nous sont servis sur une ardoise avec un peu de sirop de Liège et une petite corbeille de pain blanc et aux céréales. Je ne suis pas bouleversée: j’ai déjà vu des fromages mieux présentés et accompagnés dans des lieux dont ce n’était même pas la spécialité. Là, pas l’ombre d’un fruit frais ou sec ni d’une minuscule feuille de salade. Je suis néanmoins ravie de toute occasion de manger du Shropshire hors du Royaume-Uni.

Pas tout à fait rassasiés, mais quand même trop pour faire un vrai lunch juste après, nous traversons le centre-ville sans nous attarder autant que d’habitude parce que vraiment, ça caille. Un petit arrêt au Body Shop nous permet de ravitailler Chouchou en tartinades corporelles parfumées (la chaîne n’ayant plus de magasin en Belgique depuis un petit moment). Puis nous poussons la porte du Boekhandel Dominicanen, alias une des plus belles librairies du monde selon de nombreuses listes qui circulent sur internet. A titre personnel, ce n’est pas ma préférée: si l’ancienne église « recyclée » offre un cadre spectaculaire, je ne suis pas nécessairement fan de l’offre de bouquins anglophones ni de la manière de les présenter. Mais je chipote.



Ma PAL déborde en ce moment, et je manque réussir à ressortir les mains vides. Mais près des caisses, un présentoir de livres-surprises enveloppés de papier cadeau à coeucoeurs attire mon attention. Bien que je ne sois pas du tout fan de romance, je me laisse séduire par une citation: « Life is sometimes sad ond often dull, but there are currants in the cake, and here is one of them ». Je me dis que ça ne sent pas la rom com contemporaine, et j’ai raison: le déballage dans la soirée me révèlera « The pursuit of love » de Nancy Mitford, autrice anglaise du début du XXème siècle.


Nous tentons ensuite d’aller prendre un afternoon tea chez Piece of Cake, déjà testé et approuvé lors d’un séjour précédent, mais c’est blindé de réservations et la serveuse ne nous laisse aucun espoir même pour plus tard. Dépitée je suis. Nous errons mollement dans le centre historique, renonçant à chercher une géocache virtuelle qui nous contraindrait à un trop long circuit. Chez Cheese Expo, j’achète les fromages hollandais les moins authentiques de la création: au citron noir, à la truffe et à l’ail noir. Fantaisistes mais délicieux. Dans le magasin de canards en plastique, je me moque des effigies moches de personnages connus. Chez Miniso, je me laisse tenter par une blind box de méchantes Disney affreusement mignonnes. (Plus tard, en tâtant le sachet avant de l’ouvrir, je devinerai qu’il s’agit de Maléfice.)


Vers 17h, après avoir envisagé et rejeté plusieurs autres endroits, nous nous arrêtons pour manger des smash burgers très bons, accompagnés de frites trop cuites et d’un coleslaw au chou rouge avec une mayo légèrement épicée, tout à fait divin. Le temps que nous ressortions, tous les magasins sont en train de fermer; nous ne parvenons même pas à trouver une boulangerie où acheter de quoi grignoter au cas où nous aurions un peu faim dans la soirée. Or, je sais déjà que je n’aurai aucune envie de ressortir dans la nuit et le froid pour partir en quête d’un restaurant. La solution nous est fournie par le Spar de l’avenue de la gare, où nous prenons des friands au fromage mais aussi de quoi petit-déjeuner demain.

Nous passons la soirée blottis sur le canapé violet de notre studio avec la couette étalée sur nous. Pour me venger de n’avoir pas bu de thé vert de toute la journée (j’avais oublié que les Néerlandais sont obsédés par le café, et qu’un vilain thé noir est le mieux qu’on puisse espérer trouver dans la plupart de leurs débits de boissons), je m’enfile des litres du Pickwick de base déniché au Spar. Je le regretterai sûrement cette nuit quand je me lèverai pour mon 17ème pipi.
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