Après quelques heures de mauvais sommeil, je me suis réveillée à 4h30 dans un état mental pitoyable. Je n’ai réussi à me rendormir que vers 6h, et je croyais avoir réglé mon réveil à 8 mais il a sonné à 7 comme d’habitude. Autant dire que je ne suis pas fraîche du tout lorsque je rejoins Isa à la réception de notre hôtel, vêtue de la fameuse salopette léopard que je n’ai pas résisté à l’envie d’étrenner tout de suite. Heureusement, nous n’avons rien de stressant au programme ce vendredi, et c’est une belle journée printanière.

Nous prenons le métro jusqu’à Saint-Michel et marchons jusqu’à Shakespeare & Company. Nous petit-déjeunons en terrasse: golden latte pour Isa, limonade au gingembre pour moi, plus un scone raisins-cranberry et un autre au cheddar que nous partageons histoire de goûter les deux. Je n’ai pas plus tôt avalé la dernière bouchée qu’un pigeon effronté vient se percher sur notre table pour picorer tranquillement les miettes. Faut pas se gêner, surtout.

Nous passons ensuite un long moment à explorer les rayons de la librairie, dont nous ne ressortons évidemment pas les mains vides. L’une d’entre nous achète même son deuxième tote bag siglé Shakespeare & Company au prétexte que « Oui, mais ils ont une POCHE! ». J’avoue, c’est un excellent argument.

Un saut de puce en métro nous amène ensuite au Renard Doré où je fais l’acquisition de mes livres n°3 et 4 (en français, ceux-là), ainsi que d’un craquant petit requin en peluche. Puis nous rebroussons chemin jusqu’à Maubert-Mutualité et au Bistro des Lettres, où je nous ai réservé une table pour 12h30. J’ai bien fait d’être prévoyante, car lorsque nous arrivons, il ne reste qu’une table pour deux – la nôtre, dans un petit coin à peu près calme.


La formule déjeuner est à 24€. Isa opte pour des ravioles de Royan et une blanquette de veau, moi pour une blanquette de veau et un baba au rhum. Tout est absolument délicieux et d’un rapport qualité-prix étonnant pour Paris. La bande-son calée sur la chanson francophone va de Dalida à Mylène Farmer, et les différentes serveuses qui s’occupent de nous sont toutes adorables. Ce n’est pas pour me vanter (si), mais ce resto était un choix inspiré.

A la fin, je dis à la serveuse que ce qui m’a attirée ici, c’est d’avoir lu qu’à la fin du repas, on apportait du papier et une enveloppe aux clients pour qu’ils s’écrivent une lettre que l’établissement leur postera un an plus tard. Elle me répond qu’en principe, c’est seulement le soir, mais que si ça nous fait plaisir… Deux minutes plus tard, nous voilà en train de griffonner furieusement chacune de son côté. Je n’ai pas utilisé de stylo-plume depuis bien longtemps et ça me fait une écriture dégueulasse, mais tant pis! Une fois les enveloppes scellées et adressées, nous allons les glisser dans la panière « Avril » du meuble dédié. Nous ressortons ravies, à la fois de notre repas et de l’accueil qui nous a été fait.

L’après-midi sera consacré à une tournée de différents magasins situés aux quatre coins de la ville. Le popup de Coucou Suzette au Bon Marché se révèle faire partie d’une exposition dédiée aux chiens et ne comporter que des articles sur ce thème. Je suis déception. Quant à la boutique Vivienne Westwood, rue saint-Honoré, elle est à mille lieues de l’esprit punk qui présida autrefois à la création de la marque, avec une moyenne d’âge de 22 ans et autant de kilos par cliente, mais 817 euros pour la moindre babiole.

Nous nous consolons à la papeterie japonaise Ijii, situé à Pétaouchnok (traduction: du côté de Charonne) mais pleine de ravissants carnets et autres accessoires d’écriture. Comme le hasard fait parfois bien les choses, elle est située juste à côté de Kabane, un salon de thé-café-chocolat spécialisé dans les grands crus de ces trois boissons chaudes.


J’hésite un instant à goûter un thé vert à 36€ la tasse et me rabats plus sagement sur un chocolat Morropon du Pérou, à 72% de cacao. Il est si épais que la cuillère reste plantée dedans à la verticale, et si riche que je suis écoeurée au bout de la troisième gorgée bouchée. Sûrement un produit de qualité, mais pas ma came du tout. Isa en revanche semble se régaler avec le sien. Et j’apprécie tout de même le calme du lieu, sa déco végétalisée et les céramiques faites à la main. En passant à la caisse, j’achète une tablette 100% cacao appelée Darkness, pour Chouchou qui s’efforce d’éviter le sucre. Il y a aussi des confitures et des tartinades artisanales toutes très appétissantes.

En remontant vers le métro, nous passons devant la vitrine d’un charcutier traiteur qui se vante de proposer « les meilleurs sandwichs de Paris, copiés partout mais jamais égalés ». Ca tombe bien: Isa a une soirée romance dans un bar à cocktails et n’est pas certaine qu’on la nourrira davantage qu’hier; quant à moi, je sais qu’une fois rentrée à l’hôtel, je n’aurai pas le courage de ressortir pour dîner. Je me fais donc confectionner un jambon blanc-fourme d’Ambert-courgettes, et elle un Brie-aubergines-tomates. Le monsieur qui tient la boutique est très sympa, et j’aime faire marcher le petit commerce.

Nous nous séparons dans le hall de l’hôtel. Je suis fourbue et n’aspire qu’à une soirée de patatage complet. En arrivant dans ma chambre, mauvaise surprise: la fenêtre est ouverte, mais ni le lit (dans un coin de la pièce, avec un drap + deux fines couvertures + un couvre-lit) ni le reste du ménage n’ont été faits. Je redescends les trois étages sans ascenseur pour aller le signaler à la réception. Un type moustachu me répond sur le ton de la plus parfaite indifférence: « Ah oui, la fille a dû oublier. » « Ca peut arriver. Et donc? » « Bah elle est partie maintenant, que voulez-vous que je fasse? » « Dans la mesure où j’ai payé pour une certaine prestation qui n’a pas été effectuée, je trouverais normal que vous fassiez un geste commercial. » « Oui, bon, d’accord. » Pas d’autre précision, et silence glacial. Je remonte dans ma chambre plutôt agacée.
Après avoir mangé mon sandwich (le meilleur de Paris, je ne sais pas, mais au minimum très bon et très roboratif), j’appelle Chouchou sur Messenger et lui raconte les deux dernières journées. On papote un assez long moment, puis je passe le reste de la soirée à surfer sur internet et à entamer un des bouquins achetés plus tôt. Extinction des feux à 22h30 et endormissement immédiat.
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